Interview réalisé par TSONGA Herald
Ancien international gabonais sous l’ère Azingo National s’est confié a notre rédaction. Il nous livre ici son impression quant à la situation actuelle du football gabonais. L’ancien défenseur de Petrosport devenu éducateur veut apporter son expertise acquise en Suisse en se présentant à la candidature pour la Direction Technique Nationale, lui qui dispose déjà d’un centre de formation « le Jardin du football du Gabon ».
Le Sportif : Bonjour Parfait Ndong ! Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
Parfait Ndong : Bonjour ! Alors, c’est Parfait Juste Ndong Nguéma, ancien international gabonais né à Ndjolé le 23 juillet 1971 à 10h30. 45 sélections 10 buts, deux phases finales de Coupe d’ Afrique, 350 matchs en professionnel.
Le Sportif : Après votre carrière en tant que joueur, quelle est la première chose qui vous ait venue à l’esprit ?
Parfait Ndong : Bah la première chose qui m’est venue à l’esprit était le fait qu’aujourd’hui je suis ce que je suis grâce au football, et je m’étais donné les ambitions de pouvoir rendre au football ce qu’il m’a apporté, alors l’idée était de vouloir créer un centre de formation. Avec le ministre Alfred Mabicka à l’époque j’ai eu pas mal de soucis, ce qui a fait en sorte que j’aille au Bénin, puis j’ai rencontré l’ex-première dame Edith Lucie Bongo à Genève en Suisse. C’est elle qui m’a fait revenir au Gabon, mais après son décès, j’ai rencontré pas mal de difficulté. Vous comprenez que les choses n’ont pas toujours été facile pour moi quoi.
Le Sportif : Mais avez-vous pensé à devenir éducateur avant la fin de votre carrière de footballeur professionnel ?
Parfait Ndong : Quand je jouais encore en Suisse, il y a cette facilité de faire des stages pour les entraîneurs, et avec mon mentor à Fribourg, et pendant que je jouais encore j’ai fait mes deux premiers diplômes et à la fin de ma carrière, je me suis concentré pour le troisième degré.
Le Sportif : Qu’est-ce qui vous a motivé à ouvrir un centre au Gabon ?
Parfait Ndong : Ce qui m’a en effet motivé, c’est que je voulais donner la chance à mes petits fils, mes enfants, mes petits frères la chance que moi je n’ai pas eu, à savoir être dans une école de football, bénéficier d’une formation, ça c’était vraiment ma motivation numéro 1 afin de leur apporter ce petit plus dont ils ont besoin. C’est ce que j’essaie de faire depuis 5 cinq ans déjà.
Le Sportif : Est-ce que vous rencontrez quelques difficultés ?
Parfait Ndong : On en rencontre toujours. Par exemple cet après-midi on a juste une trentaine de jeunes, or les weekends, nous allons jusqu’à 125 jeunes, alors on a forcément besoin d’alimentation, de l’eau, le transport et d’autres choses qui rentrent en compte. Et vous voyez par vous-même. De plus je fonctionne seul, c’est compliqué.
Le Sportif : Vous dites que vous fonctionnez seul, alors quelle est ma chose la plus difficile dans le métier d’éducateur ?
Parfait Ndong : Alors là, c’est de pouvoir recommencer tous les jours la même chose, c’est plus difficile surtout que les conditions sont encore plus difficiles. En Suisse, je ne me posais pas trop de questions parce que quand j’arrivais tout était prêt, et tout était prévu pour toute la saison, alors qu’ici tout dépend de moi-même. Donc lorsque c’est bon, c’est bien, mais lorsqu’il n’y a rien, c’est un peu compliqué. Je n’ai personne sur qui je compte, c’est là la difficulté d’un éducateur au Gabon.
Le Sportif : Est-ce que vous pensez que les petits assimilent facilement les consignes lors des entraînements?
Parfait Ndong : Alors non seulement ils assimilent plus vite, mais ils sont également curieux. Ils cherchent toujours à savoir pourquoi ci, pourquoi ça. Et ça rentre en ligne de compte, donc très intéressant et à partir de là, c’est ce qui m’intéresse chez les enfants, ce qui n’est pas le cas des jeunes avec qui on ne partage pas les mêmes valeurs aujourd’hui.
Le Sportif : A qui faites-vous allusion ?
Parfait Ndong : C’est que moi à mon époque, quand je jouais pour le pays je ne venais pas jouer pour l’argent, je venais pour l’amour du pays.
Le Sportif : Mais ce sont des professionnels, ils sont payés pour ça !
Parfait Ndong : Mais il faut d’abord jouer pour la passion. Dans mon cas, j’étais déjà salarié dans mon club, alors venir en équipe nationale pour moi, ce n’était qu’un bonus, et si il y avait une victoire au final et que je devais gagner quelque chose tant mieux, mais je n’ai pas à l’exiger. Hélas aujourd’hui c’est ce qui se fait. Certains de nos jours ne montent pas dans l’avion s’ils n’ont pas eu leurs primes de mis au vert. Donc à partir de là, il ya une monnaie d’échange, alors qu’à mon époque il n’y avait pas tout ça, on gagnait il y avait de la joie, de l’ambiance, c’était vraiment quelque chose de cohérent.
Le Sportif : Mais les époques ne sont pas les mêmes le football dégage aujourd’hui une importante manne financière !
Parfait Ndong : Je suis tout à fait d’accord avec vous, mais ce qui doit prévaloir avant tout, c’est le Vert-Jaune-Bleu et non l’intérêt des uns et des autres. Aujourd’hui lorsque je me promène en route, l’avantage et l’honneur que j’ai c’est la reconnaissance des gens. C’est ce qui fait le bonheur d’un international. C’est vrai que l’argent que j’ai gagné aussi dans ma carrière de joueur est fini, mais cette reconnaissance qu’ils ont vis-à-vis de moi, cette petite attention, c’est un véritable plaisir.
Le Sportif : Revenons à votre centre de formation, avez-vous eu des difficultés à l’ouvrir au Gabon ?
Parfait Ndong : Oui beaucoup de difficultés effectivement. Comme je vous l’ai expliqué au tout début de notre entretient, j’avais contacté l’ancien ministre Mabicka Alfred je voulais occuper le centre national de Port-Gentil comme base, j’ai voulu prendre les installations de Locomotive, tout a été quasiment refusé, voire même sans réponse. C’est le gros problème auquel je me suis confronté. Sauf qu’aujourd’hui, les gens me donnent raison. On peut bien voler le projet de quelqu’un mais au niveau de l’animation, tu te perdras.
Le Sportif : Est-ce que vous avez une vision globale du football gabonais actuellement ?
Parfait Ndong : Alors au sujet de ma vision, c’est justement ce qui m’a poussé à déposer ma candidature pour le poste de DTN. Parce que je me rends compte que ce poste est comparable à la Ligue de football de l’Estuaire ; c’est là où il y a l’organisation de toutes les compétitions des petites catégories où doit sortir l’élite du football. La DTN c’est une organisation interne à mettre en place parce qu’il ne faut pas oublier qu’il faut impérativement à partir de cet organisme créer une philosophie de jeu à laquelle tous les clubs doivent s’identifier. Et pour mettre cela en action, il faut des personnes actives, qui se rendent dans les provinces ou aller dans les clubs et avoir une discussion avec les responsables de ces clubs. Donc voilà pourquoi je postule, et c’est à partir de là que moi Parfait Ndong je peux apporter ma pierre à l’édifice pour reconstruire notre football. Et le reste c’est aux autres d’apprécier.
Le Sportif : S’agissant de la philosophie de jeu, avez-vous un model particulier à l’instar de l’Allemagne, l’Espagne ou la France ?
Parfait Ndong : Oui, et je suis plus pour les Allemands, parce que ces derniers sont cohérents et objectifs. Alors s’il faut commencer à imiter le Barça ou l’équipe nationale d’Espagne, c’est compliqué ; c’est une culture chez eux mais qui ne dure pas longtemps. Mais regardez les Allemands, ils sont toujours restés fidèles à leur philosophie, beaucoup de sérieux, d’engagement dans l’organisation, et moi je me base sur ça.
Le Sportif : Mais pouvez-vous allier le model local au model germanique ?
Parfait Ndong : On peut joindre les deux, tout en sachant que les réalités ne sont pas aussi les mêmes. On peut aussi s’identifier à ce model et le mettre en pratique chez nous. Il ne sera peut-être pas le même, mais il portera quasiment les mêmes fruits.
Le Sportif : Quel est votre projet concrètement au sujet de la Direction Technique Nationale ?
Parfait Ndong : Alors mon projet il est très simple. Alors, depuis que je suis rentré au Gabon, j’ai constaté que la DTN ne fait que la formation des entraîneurs, mais on oublie que lorsque vous formez quelqu’un, c’est acquis qu’il faut entretenir, le développer. Et moi, ce sera ma première « bagarre » parce qu’aujourd’hui au Gabon il ya beaucoup d’entraîneurs qualifiés mais aucun suivi derrière. J’organiserai des cours de perfectionnement pour les entraîneurs pour qu’ils soient plus professionnels. Et là aussi, il y a aussi les compétitions des jeunes. Ce que j’ai mis ici à Libreville, je veux le mettre dans les neuf provinces. L’avantage que nous avons avec la Fédération actuelle, c’est que nous disposons déjà dans chaque province d’un directeur provincial, mais pour quel travail ? Alors qu’ils sont payés depuis cinq ans. Mais si je suis DTN, je m’appuierai beaucoup sur eux pour travailler ensemble.
Le Sportif : La concurrence sera forte, êtes-vous confiant ?
Parfait Ndong : Je suis confiant même s’il y a des candidats, mais j’ai un avantage c’est le vécu et l’expertise et beaucoup ne l’ont pas. De plus, lorsque j’ai arrêté ma carrière en Suisse et je suis devenu formateur dans le centre de formation de l’équipe de Suisse, et aujourd’hui lorsque je vois les jeunes que j’ai formé à Fribourg dans les sélections des jeunes en Suisse je suis vraiment fier, et je me dis je peux faire la même chose pour mon pays. Même si le contexte n’est pas le même, mais on va s’efforcer.
Le sportif : Merci Parfait Ndong de nous avoir reçu ici stade de Nzeng ayons lieu de vos séances entraînements.
Parfait Ndong : c’est plutôt moi qui vous dit merci , pour l’intérêt a ma personne , je souhaite du courage et bon vent a votre media le sportif