A quelques heures de la finale (ce vendredi) entre les deux favoris annoncés de l’épreuve, notamment le Sénégal et l’Algérie, et au moment de tirer les premiers enseignements de cette 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations à surprises, il est tout à fait logique qu’on y s’y attarde du moins qu’on y accorde quelques lignes sur la prestation de certains ‘’bizuts’’ et autres petits poucets, très souvent moqués à chaque Can, mais qui au fil du temps n’ont de cesse démontrer à suffisance qu’à l’heure des grands bouleversements, il fallait bien évidemment désormais faire avec eux.
En effet, cette édition de la Can Total-Egypte, 2019, la première à 24 équipe selon sa nouvelle formule née du souhait des dirigeants de la Confédération africaine de football (Caf) d’élargir la compétition en ce que cela devait susciter l’adhésion et la participation d’un nombre plus grand nombre de nations de football, dites ‘’petites’’ a, en plus d’avoir augmenté le nombre des rencontres, surtout fait découvrir aux yeux du monde entier, une nouvelle castes de sélections, bâties parfois sur rien ou presque mais qui évoluent sur l’aire de jeu avec les ‘’tripes’’ et le sentiment de faire d’abord honneur au drapeau.
L’on fait naturellement allusion aux joueurs des sélections nationales de l’Ouganda, Benin, Tanzanie ou en encore de Madagascar, qui en dépit de leurs fortunes diverses en terre égyptienne, auraient fortement lancé un signal fort et séduit bon nombre d’observateurs par leur capacité d’implication, de discipline et parfois même de sacrifices pour tenir têtes à certaines grandes nations de football. On était d’ailleurs bien loin des scores fleuves souvent enregistrés lors des oppositions entre favoris et petits poucets. C’est dire que le niveau entre ces différentes équipes tend progressivement à se niveler.
La première place des ‘’Barea’’ surnom de l’équipe nationale de Madagascar face au Nigeria (2-0), en phase de poule qui leur a d’ailleurs valu la première place d’un groupe qui comprenait tout aussi bien la Guinée de Naby Keita (Liverpool), était annonciateur de cette nouvelle configuration de ce football africain à ‘’dénominateur commun’’. Et la qualification historique des Ecureuils du Benin, en quarts de finale face au Lions de l’Atlas du Maroc (1-1, 4tab1) n’était que le prolongement d’un ‘’processus irréversible’’.
A défaut d’avoir été flamboyants ou auteurs d’un football léché à l’image de celui produit par le FC Barcelone en Espagne ou des championnats à très fortes valeurs, ces petites équipes ont néanmoins reposé sur des principes de jeu basés sur une discipline sur et en dehors du terrain ajoutés à une discipline tactique parfaitement huilée, lequel prônait, le dépassement de soi. Et c’est justement à ce niveau que la sélection nationale du Gabon, désormais sous la houlette du français Patrice Neveu doit se réorganiser si elle veut se reconstruire et se qualifier pour la Can Total-Cameroun, 2021.
L’on a bien vu qu’il ne suffit plus aujourd’hui d’avoir un Mohamed Salah (Egypte), André Ayew (Ghana), Nicolas Pépé (Côte d’Ivoire) ou encore Iwobi (Nigeria) pour être sacré champion. Les succès se fabriquent lorsque ceux-ci reposent sur des programmes et valeurs spécifiques parfaitement établies à la base. Le football moderne est devenu une science. Il ne suffit plus de collectionner des joueurs évoluant en Europe pour constituer une sélection nationale, mais de parcourir le Gabon à travers ses neuf provinces pour y dénicher ces talents parfois volontaires et cachés qui n’attendent que ‘’ l’appel du pays’’.
C’est cette audace, nous osons donc croire que le ‘’ nouveau patron’’ des Panthères du Gabon, aura pour remettre tout à plat et rebâtir sélection nationale conquérante, séduisante, ambitieuse qui redonnera à ce peuple, déçu et abattu par les contreperformances et autres échecs répétitifs, à reprendre à nouveau le chemin des stades avec fierté et jubiler comme ce fut le cas lors de la Can co-organisée en 2012 avec la Guinée-Equatoriale.
Par Jules Bernard MOUYENGUE