Les Panthères n’iront pas à la Coupe d’Afrique des Nations prévu en Angola. Christopher Oniane, directeur technique national, a accordé un entretien à la rédaction de Lesportif que ce résultat s’explique par un manque de compétition, des lacunes structurelles et des querelles entre entraîneurs. Pour lui, une réforme du basketball gabonais est indispensable.

Lesportif : Le Gabon sort de la petite porte à l’Afrobasket . Quels sont, selon vous, les principaux facteurs qui ont conduit aux résultats décevants des Panthères ?
Christopher Oniane DTN : Le résultats reflètent bien l’écart entre notre équipe et les trois autres, mais au-delà du simple résultat, les statistiques montrent à quel point notre équipe nationale souffre d’un manque de compétition et de structuration.
D’abord, l’adresse aux tirs est un problème majeur : nous sommes à environ 15 % de réussite aux tirs comparativement aux trois autres équipes qui tournent autour de 60 %. Un tel pourcentage rend presque impossible tout espoir de victoire, surtout dans le basket moderne où le tir extérieur est devenu essentiel.
Ensuite, le manque d’agressivité en défense lors des deux premiers matchs s’est fait ressentir dans le nombre de points encaissés. Cela traduit le manque de fraîcheur physique dû au niveau d’entraînement de nos joueurs par rapport aux autres dans leurs différents clubs. Ce sont tous des professionnels aguerris que nous affrontons, avec trois à quatre séances d’entraînement par jour en club. Donc, quand ils arrivent en équipe nationale, ils sont prêts. Nous, on essaie de venir faire la préparation physique en sélection.
Notre jeu est resté trop souvent statique, sans solutions lorsque Sylva était pris par trois adversaires ou alors quand il ressentait des moments de fatigue.
Le secteur intérieur a également souffert, avec un déficit aux rebonds offensifs, ce qui prouve qu’on a eu du mal à se battre pour les secondes chances. Pourtant, c’est un secteur où l’agressivité et l’envie peuvent parfois compenser les lacunes techniques.
Enfin, beaucoup de balles perdues sont révélatrices du manque d’automatisme et de sérénité dans les transmissions, à cause de l’inexpérience de nos jeunes, du stress de la compétition… Un championnat national plus compétitif permettrait de mieux préparer les joueurs à gérer la pression et à prendre de meilleures décisions en match. Mais aussi des mini-regroupements réguliers dans l’Hexagone, avec nos jeunes des États-Unis, de l’Europe, comme le font les autres équipes.
Cette compétition confirme une fois de plus que sans infrastructures solides et sans un vrai championnat structuré, il sera difficile de rivaliser avec les grandes nations africaines du basket. Le talent brut ne suffit plus, il faut du travail, de la rigueur et une vision à long terme pour espérer un jour faire partie des grandes nations africaines de basketball. Cela passe par une véritable politique mise en place par l’État pour développer le basketball.
Lesportif : Quelles mesures envisagez-vous de mettre en place pour renforcer l’équipe nationale et éviter de telles contre-performances à l’avenir ?
Christopher Oniane DTN : Renforcer l’équipe la prochaine fois, il faut mettre les moyens à temps et envoyer nos entraîneurs en mission de prospection en Europe et aux États-Unis, afin qu’ils visualisent réellement nos joueurs dans leurs différents championnats.
Il faut également envoyer nos entraîneurs passer des stages de recyclage dans les fédérations avec lesquelles nous avons des partenariats comme la France, le Rwanda, le Maroc, pour s’imprégner des nouvelles méthodes d’entraînement du basketball moderne.
Lesportif : Pensez-vous que la préparation de l’équipe a été suffisante face à des adversaires comme le Rwanda, le Cameroun et le Sénégal ?
Christopher Oniane DTN : Justement, la préparation en équipe nationale ne peut durer que deux semaines tout au plus, mais c’est la préparation de nos joueurs dans leurs différents clubs qui fait défaut. Car au pays, les entraîneurs ne savent que se quereller entre eux pendant que les enfants ne savent pas jouer au basket. Rares sont les jeunes qui ont une culture technico-tactique à mettre au service de la sélection.