Emmanuel Adebayor ne disputera sans doute pas la cinquième Coupe d’Afrique des nations de son immense carrière, après celles de 2002, 2006, 2013 et 2017. L’attaquant de 35 ans et son équipe du Togo ont été éliminés de la course à la CAN 2019 par le Bénin. Fair-play, le Togolais invite ses compatriotes à soutenir les voisins béninois. Il se montre en revanche plus ambigu concernant son avenir en sélection, après 19 années de bons et loyaux services.
Propos recueillis par Félix Sohoundé Pépéripé,
RFI : Emmanuel Adebayor, vous venez de jouer contre le Bénin, en éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2019. Quelles sont vos impressions après cette défaite 2-1 du Togo ?
Emmanuel Adebayor : La déception est là et elle est énorme. Mais c’est le football. Il ne pouvait y avoir qu’un pays qualifié ce soir et ça a été le Bénin. Félicitations aux Béninois et espérons qu’ils fassent une belle Coupe d’Afrique des nations. Qu’on le veuille ou non, on reste des voisins. On sera donc dans l’obligation de les soutenir cet été. En plus, ils vont récupérer des joueurs-clés comme Stéphane Sessègnon ou Mickaël Poté. Espérons que cette équipe aille vraiment loin à la CAN 2019.
cette équipe aille vraiment loin à la CAN 2019.
Durant ce match décisif face au Bénin, vous avez égalisé en faveur du Togo et on a même cru que les Togolais allaient réussir à se qualifier.
A 1-1, je pense que la pression était davantage sur les épaules des Béninois. Mais c’est le jeu. On a encaissé un but que je n’arrive pas à vous expliquer. Il faudra prendre le temps de re-visionner tout ça avant d’émettre des jugements et de déterminer qui a fait une erreur. Mais le football est ainsi fait : parfois ça passe et parfois ça ne passe pas. J’ai eu la chance de disputer beaucoup d’éliminatoires durant ma jeune carrière. Aujourd’hui encore, on a tout donné pour se qualifier mais ça n’a pas marché. On va donc retourner dans nos clubs respectifs, tranquillement. On va se remettre au travail et regarder droit devant nous. On ne va pas rester focalisés sur ce résultat.
Le regret, bien sûr, il est là. Il y a certains matches à domicile qu’on devait gagner. Mais on n’a pas pu le faire. Et tout ça nous a coûtés très très cher. Félicitations aux Béninois et aux Algériens. Pour cette CAN 2019, on sera devant la télé et on la regardera tranquillement.
Le sélectionneur de l’équipe du Togo, Claude Le Roy, vous a félicité lors de la conférence de presse d’après-match. Quelle va être la suite de votre carrière, après cet échec ?
Je suis un joueur comme les autres. Lorsque j’étais plus jeune, je travaillais peut-être une ou deux fois par jour. Mais plus je vieillis et plus je comprends que seul le travail paie. J’ai eu la chance de côtoyer des joueurs comme Cristiano Ronaldo, comme Thierry Henry, comme Dennis Bergkamp, comme Sol Campbell. Ces joueurs m’ont appris que seul le travail compte pour durer le plus longtemps possible en football.
Avant ce match, même les Togolais disaient que j’étais trop vieux. Mais si je joue toujours dans un club en Turquie, un championnat où je fais partie des joueurs les mieux payés, c’est parce que j’ai des qualités.
Mais bon… J’ai commencé la sélection en 2000. On est en 2019. Ça fait pratiquement 19 ans que je suis en équipe nationale. C’est beaucoup. C’est beau. Il y a eu des hauts. Il y a eu des bas. Il y a eu des regrets. Il y a eu des moments inoubliables. Maintenant, je pense que je vais rentrer chez moi. Je vais prendre tous les bons moments. Je vais les mettre dans un sac. Je vais aller à Istanbul tranquillement. Et je vais voir ce que l’avenir me réserve. J’ai tout fait pour garder le maillot de cet après-midi. Et, si c’est la fin d’un cycle, qu’il en soit ainsi. Le plus important, c’est que je garde le short, le maillot et les chaussettes. J’avais promis à ma fille, aujourd’hui âgée de 8 ans, que mon dernier maillot en club et celui en sélection seraient pour elle. Je pense qu’elle a déjà dû m’envoyer un message : « Papa, et le maillot ? »
Pour l’instant, on ne va pas parler de ma fin de carrière. On va plus parler de l’élimination du Togo.